N'est-ce pas dans la nature même des civilisations de s'évanouir un jour ? Au milieu d'un océan de misère, de luttes et de cruauté, émergent parfois de petites îles d'imperfection, car seule l'utopie est parfaite. Dans ces îles temporelles, l'art, l'organisation sociale et politique élèvent la société humaine à un niveau de splendeur et de délice inégalé. Prenons pour exemple Athènes entre les guerres médiques et la guerre contre Sparte, l'Empire romain de Trajan à Marc Aurèle, ou encore les cités mayas de la grande époque classique. Il n'existe pas d'âge d'or, ni dans le passé, ni dans le futur. Cependant, pendant un bref instant entre deux nuits interminables, l'humanité parvient à retrouver un équilibre précaire, une exception éblouissante dans une histoire sombre. Écoutons les paroles d'un poète, Miguel Angel Asturias, fier de son héritage maya : « Personne ne revenait du monde vert où, parmi les cerfs et les paons bleus, s'élevaient les villes de cérémonie, villes cosmiques et gelées - défi des peuples bâtisseurs. » Ces peuples appartenaient à d'autres horizons, vivant comme si les siècles n'existaient pas. Une race qui comptait les jours comme des diamants et croyait en ses dieux, en ses rites, en sa fumée et ses rêves, en ses pierres de calendrier, en la musique et la sagesse.